Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un P'tit Bout d'Hibou
1 août 2012

Dans la peau d'un humaniste...

Mémoires de Marc Antoine Muret

 

Mémoires de Marc-Antoine Muret

Gérard Oberlé

Grasset, Paris, 2009

 

 

 

 

 

« Ceux qui pensent que leur vie vaut d’être racontée, devraient toujours s’en charger eux-mêmes ».

Telle est la première phrase des Mémoires de Marc-Antoine Muret et pourtant ce n’est pas Marc-Antoine Muret qui écrit mais bien Gérard Oberlé.

Se mettant dans la peau d’un grand poète humaniste et professeur de lettre, et pourtant oublié du grand public, Gérard Oberlé nous plonge dans l’univers de la Renaissance. Il semble s’identifier à Marc-Antoine Muret et se confondre avec lui. Cette biographie romancée nous introduit dans une époque et dans la vie de Marc-Antoine Muret par trois points : la sexualité, l’enseignement des lettres et l’attrait pour l’Antiquité.

« Pour atteindre à cet accoisement de l’âme, à cette félicité sans remords ni impatientes, je devrais m’acquitter de bien des soultes. » (p.32)

Nous nous retrouvons précipités au XVIe siècle grâce à l’habileté dont il fait preuve pour utiliser la langue de Du Bellay, Ronsard ou Montaigne, des proches de Muret. Cependant, il manie tellement bien la langue et toutes ses subtilités que certaines phrases en deviennent complexes ; rendant son écriture réservée à un public plutôt averti. Pour pousser son œuvre jusqu’au bout Gérard Oberlé en vient à écrire certaines phrases en latin, langue utilisée par Marc-Antoine Muret pour ses écrits comme les Juvenilia. Malheureusement, quelques rares phrases ne sont pas traduites, et alors que l’on continue de lire nous cherchons toujours à comprendre ce qu’il a bien voulu écrire, ce qui est assez déstabilisant.

« Virgile, Ovide et Catulle nourrissaient bien mieux mes songeries » (p.38)

C’est aussi l’occasion de découvrir ou de redécouvrir une période marquée par la redécouverte des auteurs antiques comme Tertullien ou Ovide et donc de l’Antiquité classique et de la mythologie. Nombreux sont les auteurs antiques cités, au point que l’on se sent un peu submergé par tous ses noms surtout si on ne connaît pas du tout l’Antiquité classique.

« Je voyais ces bienheureux enivrés, bondissant nus à la lueurs des torches comme des mystes et des galles, communiant avec toutes les forces animales et végétales de la nature par des rites phalliques et des excès de boisson. […] Une heure plus tard, nous étions jetés dans les cachots du Châtelet » (pp.219-220)

C’est également une période de troubles marquée par la Réforme et la Contre-réforme, entrainant la condamnation de toute pratique qui ne serait pas conforme aux exigences de l’époque. La lecture de ce roman est également l’occasion de connaître la vie de ces humanistes au-delà de leur vie publique et de découvrir les dessous de Paris, une ville de débauche. C’est un personnage atypique qui se révèle à nous et que nous suivons dans ses aventures parfois crues qui nous éloignent de l’idéologie portée par l’Eglise.

C’est un plaisir de pouvoir lire un roman et d’apprendre sur l’histoire passée tout en se distrayant. Bien que certains aspects peuvent paraître difficiles à comprendre, s’est écrit d’une manière si fluide et passionnée qu’on en oublie les quelques difficultés que nous pouvons rencontrer. Gérard Oberlé se met dans la peau de Marc-Antoine Muret avec tellement de subtilité que l’on en vient à se demander quelle est de la part de vérité et la part de fiction, sachant, surtout, qu’il est très bien renseigné sur lui.

Publicité
Commentaires
Un P'tit Bout d'Hibou
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité